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CINEMAD


Black Swan

Publié par Ddarko Et T-Bib sur 4 Août 2014, 09:17am

Réalisé par Darren Aronofsky
Avec Natalie Portman, Mila Kunis, Vincent Cassel, plus
Long-métrage américain . Genre : Drame , Thriller , Fantastique

Rivalités dans la troupe du New York City Ballet. Nina est prête à tout pour obtenir le rôle principal du Lac des cygnes que dirige l'ambigu Thomas. Mais elle se trouve bientôt confrontée à la belle et sensuelle nouvelle recrue, Lily...

Critique Ddarko:

C'est la seconde fois d'affilée que Aaronofsky s'attaque a la mise en abime du monde du spectacle. Mais cette fois-ci il va jusqu'au bout de sa logique implacable en narrant l'évolution psychologique d'une ballerine innocente en femme, au sens le plus noble du terme.
Au delà du réel
A l'image du dernier Scorcese, Black Swan pourra déranger du fait de la grandiloquence de sa mise en scène. Un travers dans lequel était tombé le cinéaste pour The Wrestler, ou chaque effet était sur-appuyé (la mise en abîme du combat alors que Mickey Rourke arpentait son lieu de travail, renforcée par un bruit de foule). Même si Aaronofsky rejoue le coup du travelling en camera semi-subjective, sa mise en scène fait confiance au spectateur, pour mieux le perdre. A l'image de l'héroïne, pour laquelle Natalie Portman se donne corps et âme, on peine à distinguer la réalité du fantasme et ce grâce au recours cohérent aux ellipses. La scène de l'acte sexuel entre Mila Kunis et Natalie Portman est à ce titre emblématique puisque le secret sur ce qui se passe entre le moment où elles sortent de la boite de nuit et celui de l'arrivée chez l'héroïne est maintenu.
Le cinéaste évite donc la pente glissante des récits sur la folie, en se tenant à une approche réaliste (voir naturaliste) à l'image de Polanski dans Répulsion.
Par ailleurs, les scènes de danse sont filmées avec un lyrisme tel qu'elles renvoient l'ensemble des dernières comédies musicale au rang de film d'étudiants. La camera colle au plus prés des danseurs pour capter leur grâce, magnifiée par le somptueux score du compère Clint Mansell. Aaronofsky en filmant à merveille ces corps en mouvement, pousse à l'extrême la métaphore de la chair comme réceptacle fragile pour des âmes en peine.
Entre Giallo et illustration de la folie
Même s'il ne manque pas de rendre un hommage appuyé à Cronenberg, en témoigne les clins d'oeil à Faux-Semblant comme à la mouche, c'est bien a Argento et Polanski que le cinéaste a voulu se référer pour l'illustration de la paranoïa. Pour capturer avec efficacité la lente descente aux enfers d'une jeune ballerine n'ayant jamais réussie à s'émanciper, la mise en scène d'Aaronofsky puise donc abondamment dans le répertoire de ses pairs mais sans perdre sa propre personnalité. Pour jouer avec sensualité le signe noir, l'héroïne devra vivre toutes les étapes que traverse un enfant pour devenir adulte. On est témoin de la perte de l'innocence d'une jeune fille beaucoup trop dure avec elle-même. C'est cette capacité à jouer dans l'entre-deux, dont le recours à des procèdes dérivés du film d'horreur des 70's, qui accentue subtilement le jeu des acteurs.
Ou sont les femmes ?
A l'instar de the Fountain, Black Swan sonne comme une déclaration d'amour à la femme. Le cinéaste nous parle de l'éveil des sens mais pas seulement. A travers le thème du double, la femme est ici identifiée grâce a trois axes inextricablement liés au protagoniste principal. Le personnage de la mère symbolise bien évidement le rêve de rupture inaccompli et dont l'héroïne à tant peur, alors que la figure interprétée par Mila Kunis incarne la possibilité de s'émanciper. Winona Rider représente quant a elle, le dernier axe puisque c'est elle qui crée la paranoïa dont est victime l'héroïne. Elle sera en effet le vecteur de ses peurs. Ce recours aux symboles est capital puisqu'il apporte une substance considérable à la mise en abîme du lac des signes.
Les années 70 semblent revenir hanter le cinéma américain. Le contexte actuel jouant un rôle prépondérant dans le retour a la paranoïa (Scandales politique, guerre au Moyen-Orient,...), il n'est donc guère étonnant de voir les grands maitres du suspense renaitre au travers de péloches brillantes (Polanski avec the Ghost Writer pour n'en citer qu'un)
.
Une réussite de cette ampleur, liée à la maturité d'un cinéaste qui n'a de cesse de nous surprendre, font de Black Swan le véritable Chef d œuvre, à ce jour, de Darren Aaronofsky.

6/6

Black Swan
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